- somptuaire
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somptuaire [ sɔ̃ptɥɛr ] adj.• sumptuaire 1520; lat. sumptuarius, dans lex sumptuaria1 ♦ Antiq. rom. Loi somptuaire, réglant les dépenses, et spécialt restreignant les dépenses de luxe.2 ♦ (1690) Vx Relatif aux dépenses.♢ (Emploi critiqué; par confus. avec somptueux) Arts somptuaires, non utilitaires. Dépenses somptuaires.
● somptuaire adjectif (latin sumptuarius) Se dit d'une loi qui restreignait et réglementait les dépenses. (Les lois somptuaires furent fréquentes dans l'Antiquité et surtout à Rome. La plus connue est la loi Oppia, de 215 avant J.-C.) ● somptuaire (difficultés) adjectif (latin sumptuarius) Emploi et registre 1. Somptuaire = relatif à la dépense (latin sumptuarius, de sumptus, dépense). Le pléonasme dépense somptuaire est aujourd'hui fréquent dans l'expression orale relâchée. Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer dépenses d'apparat ou dépenses excessives, exagérées. Remarque Dans l'Antiquité, les lois somptuaires (leges sumptuariae) avaient pour objet de réglementer et de restreindre les dépenses, notamment les dépenses de luxe. En France, l'édit somptuaire de 1660 interdisait de porter « aucune étoffe d'or ou d'argent, fin ou faux ». 2. Somptueux = dont la magnificence suppose une grande dépense ; luxueux (latin sumptuosus, de sumptus, dépense). Un cadeau somptueux. - L'emploi au sens de « qui fait de grandes dépenses, des dépenses de luxe » (« un prince somptueux en habits, en équipage », Larousse du XXe s.) est vieilli ou littéraire. ● somptuaire (expressions) adjectif (latin sumptuarius) Arts somptuaires, arts décoratifs de luxe. Dépense somptuaire, dépense excessive faite pour le superflu, le luxe.somptuaireadj. Loi, impôt somptuaire, qui réglemente, restreint les dépenses; qui taxe le luxe.|| Mod. Des dépenses somptuaires, excessives.⇒SOMPTUAIRE, adj.A. — DROIT1. [En parlant d'une loi] Qui a pour objet de régler les dépenses des citoyens et plus particulièrement de restreindre les dépenses de luxe. Édit somptuaire. Vêtu de drap comme tous les bourgeois prudents qui obéissaient aux ordonnances somptuaires (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 77). V. loi1 I A 1 ex. de Jouy et ex. 5.2. [En parlant d'un impôt] Qui porte sur les biens de luxe; qui frappe les citoyens ayant un train de vie luxueux. Taxes somptuaires. Quelle avalanche de projets de lois révolutionnaires! Abolition des majorats, impôts somptuaires (COPPÉE, Théâtre, t. 3, Homme et fort., 1875, p. 41).B. — 1. Relatif aux dépenses et plus particulièrement aux dépenses de luxe. Après dîner, il nous a lu la fameuse lettre somptuaire de Mme de Maintenon à son frère, dans laquelle elle lui fixe son ménage, article par article, à six mille francs par an (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 42). Son arrivée [de Loubet] à l'Élysée fut bien marquée par quelques mesures somptuaires, qui firent commencer par réduire le train de maison présidentiel (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 88).2. De luxe; qui est d'un luxe coûteux, excessif. Le courage est un luxe; il faudrait le frapper d'un impôt comme tous les objets somptuaires (RENAN, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, I, 6, p. 545). L'uni d'une chaussée, son « confort » ne sont nullement des qualités somptuaires (J. THOMAS, Route, 1951, p. 314).C. — Au fig. Qui présente un caractère de luxe inutile. Peut-être l'éducation des filles, dans ces maisons religieuses, était-elle par trop somptuaire; elle se bornait à quelques principes de grammaire et d'arithmétique (...); mais, en revanche, les jeunes personnes, au sortir du couvent, auraient pu, comme Arachné, défier Minerve elle-même dans tous les ouvrages à l'aiguille (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 80). De la plupart de ces inventions larvaires (...) plus ou moins géniales, il ne reste pas trace chez les adultes [libellules]. C'est donc une dépense purement somptuaire, un effort prodigieux dans le vide (MAETERL., Sablier, 1936, p. 156).♦ Arts somptuaires. [P. oppos. aux arts utilitaires] Arts décoratifs de luxe (mosaïque, orfèvrerie, etc.) dont la finalité est essentiellement esthétique. Aussi, les pouvoirs publics en arrivent-ils peu à peu à se désintéresser des arts somptuaires (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 17).Rem. ,,L'expression dépense somptuaire, qui témoigne d'une confusion de somptuaire et somptueux (...) a été blâmée par les puristes comme constituant un pléonasme affreux.`` (DUPRÉ 1972, s.v. somptuaire-somptueux). On la relève cependant chez de bons écrivains.Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1520 [éd.] loy sumptuaire (MICHEL DE TOURS, Suetone Tranquile, Des faictz et gestes des douze Cesars, Paris, Galliot du Pré, f ° 49 v °); 2. 1690 « qui concerne la dépense » (FUR.). Empr. au lat. sumptuarius « qui concerne la dépense », en partic. dans lex sumptuaria (v. OLD), dér. de sumptus « coût, dépense, frais » de sumptum, supin de sumere « prendre, se saisir de, s'approprier ». Fréq. abs. littér.:38.somptuaire [sɔ̃ptɥɛʀ] adj.ÉTYM. 1542, sumptuaire; lat. sumptuarius, dans lex sumptuaria.❖1 Didact. (Antiq. rom.) || Loi somptuaire, réglant les dépenses, et, spécialt, restreignant les dépenses de luxe (Rousseau → Extirper, cit. 3). || Édit, règlement somptuaire (Académie).2 Vx. Relatif aux dépenses. ⇒ Financier. || « Quelque austère que fût ma réforme somptuaire » (Rousseau, les Confessions, VIII).3 (XXe). Emploi critiqué; par confusion avec somptueux, et parce que les lois somptuaires visaient les dépenses de luxe. De luxe. || Arts somptuaires, non utilitaires (Réau). || Dépenses somptuaires. || Taxes somptuaires, sur les objets de luxe.1 Une lettre indignée de Mrs Byron blâma ces dépenses somptuaires.A. Maurois, la Vie de Byron, I, XII.2 Comme de nombreux autres peuples d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie, les Balante pratiquent la consommation somptuaire ritualisée : le surplus est centralisé et est consommé lors des fêtes qui sont destinées à faire disparaître ce surplus. Le système est garant de l'égalité entre les hommes, les clans, les villages.Jean Ziegler, Main basse sur l'Afrique, p. 202.
Encyclopédie Universelle. 2012.